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Le mardi 7 janvier 2024, le ministre du Commerce, Serge Poda, a répondu aux préoccupations soulevées par les députés lors de la séance plénière de l’Assemblée législative de transition concernant la hausse persistante des prix des produits de première nécessité. Lors de son intervention, il a exposé les causes de cette flambée des prix et détaillé les mesures prises par le gouvernement pour y faire face.
Le ministre a d’abord expliqué que la hausse des prix était due à des facteurs à la fois endogènes et exogènes. Sur le plan endogène, il a souligné l’impact négatif de l’insécurité dans certaines régions agricoles du pays, comme la Boucle du Mouhoun et l’Est, qui sont pourtant considérées comme les greniers du Burkina Faso. Cette situation affecte directement la production et l’approvisionnement de produits de base. À cela s’ajoute la mauvaise conduite commerciale de certains acteurs économiques, notamment le non-respect des réglementations concernant la facturation, les marges bénéficiaires, ainsi que la rétention de céréales locales comme le maïs, le mil et le sorgho, souvent utilisées à des fins spéculatives.
Quant aux facteurs exogènes, Serge Poda a mis en lumière la dépendance du Burkina Faso vis-à-vis des importations, notamment de produits tels que le riz et l’huile. Il a également mentionné les restrictions imposées par certains pays producteurs, comme l’Inde et l’Indonésie, qui ont limité leurs exportations en raison de mauvaises récoltes. De plus, les tensions géopolitiques internationales, telles que la guerre en Ukraine et les conflits au Proche-Orient, ont exacerbé la hausse des coûts, notamment du transport maritime, dont les prix ont été multipliés par cinq. Le ministre a également évoqué la dévaluation du franc CFA, qui a contribué à l’envolée des prix des produits importés.
En ce qui concerne la réglementation des prix, Serge Poda a rappelé les dispositions légales régissant la fixation des prix des produits de consommation courante. Selon la loi 016-2017/AN du 27 avril 2017, les prix des produits, biens et services sont en principe libres, régis par le seul jeu de la concurrence. Toutefois, l’article 5 de cette loi permet au ministre du Commerce, après consultation de la Commission nationale de la concurrence et de la consommation (CNCC), de réguler les prix des produits essentiels.
Le ministre a détaillé la procédure de fixation des prix pour les produits importés et ceux de production locale. Pour les produits importés, le prix de vente est calculé en fonction du prix de revient licite, auquel est ajouté un taux de marge bénéficiaire maximal, défini par les autorités compétentes. Quant aux produits locaux, le prix de vente est déterminé en ajoutant une marge brute de commercialisation, qui tient compte des coûts liés à la production, au transport et à la vente au consommateur.
Outre ces mécanismes de régulation, le gouvernement mène une politique active de contrôle des prix et de surveillance des marchés. En 2024, environ 30 000 commerçants et 439 unités industrielles ont été contrôlés, et des sanctions ont été appliquées aux contrevenants. Environ un milliard de francs CFA ont été recouvrés sous forme d’amendes et de confiscations au profit du budget national. Le ministère du Commerce poursuit également des actions de sensibilisation visant à inciter les commerçants à respecter la réglementation en vigueur.
Sur le long terme, le gouvernement a engagé plusieurs initiatives structurelles pour lutter contre la hausse des prix, telles que l’offensive agro-sylvo-pastorale pour augmenter la production locale, la subvention des intrants agricoles, ainsi que la mécanisation de l’agriculture. Il a également annoncé la mise en place d’une centrale d’achat des produits de grande consommation et l’adoption prochaine de lois visant à moderniser le secteur commercial et à réduire les intermédiaires dans la chaîne de distribution, ce qui devrait avoir un impact favorable sur les prix.
Ces mesures s’inscrivent dans un effort global pour renforcer l’autosuffisance alimentaire, améliorer l’offre locale et limiter l’impact des fluctuations des prix mondiaux sur le pouvoir d’achat des Burkinabè.
Sya Infos