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Paiement de la dette intérieure : Ibrahim Traoré engage les banques pour relancer l'économie

Dans un contexte économique marqué par des tensions accrues sur les finances publiques, le Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, a pris une décision forte visant à honorer la dette intérieure du pays. Lors d’une visite à Ziniaré, le jeudi 20 mars 2025, le chef de l’État a annoncé une mobilisation exceptionnelle des ressources bancaires pour permettre à l’État de s’acquitter de ses engagements financiers envers ses créanciers locaux.

Ainsi, le Président burkinabè a sollicité les établissements bancaires à réaffecter 25 % des dépôts à terme (DAT) des entreprises publiques au profit du Trésor afin de financer cette opération d’envergure. Cette mesure, qui doit être mise en œuvre avant la fin du mois de mars, marque une volonté affichée du gouvernement de réduire le poids de la dette intérieure et d’insuffler une nouvelle dynamique à l’économie nationale.

Cette décision intervient dans un climat de ralentissement économique caractérisé par une baisse des investissements et une contraction de la liquidité sur le marché financier. Le règlement de la dette intérieure est aujourd’hui une priorité gouvernementale, car son accumulation a longtemps entravé l’activité de nombreux secteurs, en particulier le BTP, où plusieurs chantiers peinent à avancer faute de ressources financières.

En débloquant ces fonds, l’exécutif burkinabè aspire à rétablir la confiance entre l’État et ses fournisseurs, et ainsi encourager une reprise économique plus soutenue. Il s’agit non seulement de permettre aux entreprises locales de retrouver des marges de manœuvre financières, mais aussi de favoriser de nouveaux investissements, essentiels pour la relance économique du pays.

Cette réorientation des ressources n’est toutefois pas sans conséquences pour les acteurs bancaires et les entreprises publiques. Les établissements financiers, appelés à mettre à disposition une partie des DAT, devront revoir leur allocation de ressources, ce qui pourrait impacter leur capacité à financer d’autres projets et à octroyer des crédits aux entreprises et aux particuliers.

Quant aux entreprises publiques, elles verront une fraction de leurs ressources habituellement placées dans des instruments financiers réallouée au règlement de la dette intérieure. Si cette disposition pourrait restreindre temporairement leurs capacités d’investissement et d’expansion, le gouvernement justifie cette approche par une nécessité impérieuse de stabilisation macroéconomique, préalable à une relance durable.

Cette initiative suscite également des interrogations sur la réaction des institutions financières concernées. Certaines banques pourraient se conformer sans réserve à la directive présidentielle, tandis que d’autres pourraient exprimer des préoccupations quant à l’impact de cette ponction sur leur rentabilité et la confiance des déposants.

Par ailleurs, cette mesure pourrait modifier durablement les relations entre l’État et le secteur bancaire. En effet, l’affectation contrainte des ressources des entreprises publiques pourrait créer un précédent et alimenter des craintes quant à une éventuelle extension de cette logique aux dépôts privés. Une telle perspective risquerait d’inciter certains investisseurs à diversifier leurs placements ou à envisager des stratégies d’arbitrage financier, voire des transferts de capitaux vers d’autres marchés.
 

À plus long terme, cette réforme met en lumière la forte dépendance du gouvernement burkinabè aux financements bancaires locaux. Si le paiement de la dette intérieure constitue une urgence immédiate pour redynamiser l’économie, il demeure essentiel que cette politique s’inscrive dans une stratégie de financement plus large et plus pérenne.

Le recours accru aux ressources bancaires domestiques ne saurait en effet constituer une solution durable sans une diversification des instruments financiers mobilisables. À cet égard, l’État pourrait explorer d’autres mécanismes de financement, notamment à travers des emprunts obligataires, des partenariats avec des institutions financières internationales, ou encore le développement de nouvelles formules de mobilisation de l’épargne nationale.
 

En prenant cette décision, le Capitaine Ibrahim Traoré envoie un message sans équivoque : l’État burkinabè entend honorer ses engagements financiers et restaurer la confiance économique. Ce plan de désendettement intérieur, bien que risqué, pourrait offrir une bouffée d’oxygène aux entreprises locales et contribuer à redynamiser les échanges commerciaux et les investissements.

Toutefois, la mise en œuvre de cette mesure sera scrutée avec attention. La réaction des banques, des entreprises publiques et des épargnants dans les prochaines semaines sera déterminante pour évaluer l’impact réel de cette initiative sur la stabilité du système financier national et sur la capacité du pays à assurer une relance économique durable et équilibrée.
 

Sya Infos

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