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Une crise foncière persistante alimente des tensions croissantes entre les villages de Koumi et Moami, tous deux situés dans l’arrondissement 6 de la commune de Bobo-Dioulasso. Face à ce différend, les habitants de Koumi ont convié la presse, le samedi 12 avril 2025, pour livrer leur version des faits et solliciter l’intervention urgente des autorités nationales.
Organisée en marge de l’initiation de jeunes dans le village, la conférence de presse a réuni l’ensemble des notabilités de Koumi, notamment le chef du village, le chef de terre, ainsi que des représentants des villages environnants. L’objectif affiché : alerter l’opinion publique sur les dérives spéculatives qui affectent la bande ouest du territoire, zone frontalière avec Moami.
S’exprimant au nom des conférenciers, M. Sogossi Sanou a vivement dénoncé une série d’actes de stellionat — c’est-à-dire de ventes frauduleuses de terres — perpétrés, selon lui, par certains ressortissants de Moami. « Fidèle à ses principes de non-aliénation de son patrimoine foncier, le village de Koumi est, depuis plusieurs années, la cible d’individus mus par la cupidité, qui, après avoir dilapidé les terres de Moami, s’attaquent désormais à celles de Koumi », a-t-il martelé.
Le porte-parole a expliqué que ces personnes usurpent des portions de terres appartenant à Koumi pour les céder à vil prix à des tiers non avertis, provoquant ainsi des litiges fonciers en cascade. « Dans certains cas, une même parcelle est vendue à plusieurs acquéreurs », a-t-il indiqué, soulignant que les populations de Koumi ne découvrent ces transactions frauduleuses qu’au moment où les acheteurs tentent de développer les terrains concernés.
La dernière affaire en date aurait mis le feu aux poudres. Un citoyen burkinabè, ayant acquis une parcelle auprès d’habitants de Moami, aurait été empêché de débuter les travaux par les résidents de Koumi, lesquels considèrent que la terre leur appartient. L’affaire a conduit à une plainte, puis à l’arrestation et à l’incarcération de trois personnes de Koumi au mois de mars 2025. Elles sont actuellement poursuivies pour destruction de biens privés et incitation à la révolte.
« Leur unique tort est d’avoir défendu leur héritage », a soutenu M. Sanou, tout en réaffirmant la foi des populations de Koumi en la justice burkinabè. « Pour nous, la terre n’est pas qu’un bien matériel ; elle incarne un legs sacré que chaque génération doit protéger et transmettre », a-t-il souligné.
Bakary Sanou, autre intervenant lors de la conférence, a déploré les conséquences délétères de ce contentieux sur les relations jadis harmonieuses entre Koumi et Moami. Les deux villages partageaient autrefois les mêmes infrastructures de base – marché, école, centre de santé – et vivaient dans une relative entente. « Aujourd’hui, ces liens sont rompus. Le climat est devenu délétère », a-t-il regretté.
Dans un esprit d’apaisement, les notabilités de Koumi appellent à une médiation rapide des autorités compétentes. Elles affirment leur attachement au dialogue, conformément à la ligne prônée par le gouvernement pour la préservation de la paix et de la cohésion sociale. « Jusqu’ici, nos leaders ont su contenir la colère des populations par des messages de paix. Mais jusqu’à quand pourrons-nous le faire ? », s’est interrogé Sogossi Sanou.
Les conférenciers ont également exprimé leur attachement à la stabilité nationale et rappelé leur engagement patriotique. Ils se sont félicités d’avoir cédé gracieusement près de 400 hectares à l’armée nationale pour l’implantation d’un camp militaire à Koumi. Toutefois, ce projet stratégique est lui aussi entravé, des ressortissants de Moami revendiquant une partie du site, paralysant ainsi les travaux.
Dans un dernier plaidoyer, les responsables coutumiers ont lancé un appel à la vigilance à l’endroit de leurs ressortissants et des populations voisines, rappelant qu’il est formellement interdit de vendre ou d’acheter des terres sur leur territoire. Ils ont salué la fidélité des notables de Koumi à cette règle et invité la jeunesse à perpétuer cet attachement au patrimoine foncier ancestral.
En définitive, Koumi dit n’avoir aucun grief personnel contre qui que ce soit, mais réclame justice et respect de son intégrité foncière, dans l’intérêt de la paix sociale et de la survie des générations futures.
Sya Infos